• Le monde de Ana

    C'est sûrement mon prénom, car tout le monde m'appelait ainsi : Ana. Si j'ai bien compris, c'est le diminutif d’Anabelle ... Mais je ne suis sûr de rien ...

    Je pense avoir 15 ans tout au plus, et mon meilleur ami est Timothée. C'est une peluche ayant la forme d'un petit tigre. Il n'est pas en très bon état, mais je l'apprécie tout de même. Je crois bien que je vis dans ce bâtiment grisâtre autrefois blanc à la perfection, je me souviens vaguement qu'avant, il y avait beaucoup de gens ici ... Il y avait trois types de personnes : les hommes et les femmes en blouses blanches, puis les gens blessés ou malade allongés sur de grands lits bleu, et enfin les autres qui n'étaient ni malade, ni en blouse blanche : mais ils avaient le visages crispé d'angoisse et regardaient les blessés avec un mélange d'espoir, de tristesse mais aussi de peur. J'aimerais bien revoir toutes ces personnes ... Mais je ne sais trop pourquoi, un jour ils ont tous disparut. Dans mes rêves parfois, lorsque je dors, je les revois. Alors je me sens moins seule. Je suis assise sur le lit sale aux couvertures déchirées dans lequel je me suis réveillé il y a quelques jours déjà...

    - Dis-moi Tim, tu penses qu’ils vont revenir ?

    - ...

    - Ah je suis bête ! Ils n'ont pas pus nous abandonner ...

    - ...

    - Tu penses ? Pourtant, ils n'avaient pas l'air si cruels !

    - ...

    - Je sais ... Mais toi tu ne me mentiras jamais n'est ce pas ?

    - ... !

    - Moi non plus je ne le ferais jamais ! Promis.

    Par la vitre brisée, le soleil décline derrière les grands immeubles. Peut-être qu'un jour, je devrais sortir de ma maison ...

    - Hé, Tim ! Et si ... Et si on sortait demain ?

    -...

    - Oh mais arrête donc de ronchonner ! Je t'emmène, que tu le veuille ou non !

    Je rigole doucement, mais une petite larme glisse sur ma joue. Je me sens bien solitaire ici. Je m'enfouis sous les draps avec Timothée : la nuit risque d'être froide.

    ***

    J'ai eu du mal à m'endormir. Après ce que m'avais dis mon tigre de laine, je n'ai pas arrêté de songer a la femme en blouse blanche qui venais me voir touts les jours avec un des plus beaux sourires qu'on ne m'eus fait. Comment cette merveilleuse femme aurait-elle pus me laisser, m'oublier ? Je chuchote :

    - Tu sais Tim, elle va sûrement revenir !

    - ...

    - Tu devrais essayer d'être plus positif un jour ...

    Mais je sais bien qu'il a raison, car Tim n'as jamais tors. Alors, je suis obligée de me l'avouée : elle ne reviendra pas …

    Je me lève et sors de mon lit. Je n'en peux plus d'attendre que quelqu'un ou quelque chose arrive et vienne me chercher. J'ai été abandonnée, très certainement et il ne me sert à rien de patienter plus longtemps ! Tim ne veux pas venir ? Et bien je l'amènerais de force ! « Allez mon ami, partons découvrir toutes les merveilles de ce monde ! Nous n'avons rien vu de toutes ces choses étranges qui existent, alors allons-y ! »

    Il refuse. Il me dit avoir déjà tout vu, et qu'il trouve cet univers affreux. Il ne veut pas le retrouver. Il a voyagé jusqu'ici pour trouvé le repos, alors il ne partira pas. Il m'attendra. Je suis peiné, mais je lui fais promesse de mon retour. Et je l'abandonne, la gorge sèche, sur ce lit m'ayant servit pendant tout ce temps passer avec Tim.

    Je sors par ce qu'il reste de la porte. Je sautille par dessus les morceaux du plafond détruit, et grâce aux indications presque entièrement effacé, je débouche sur la sortie. Ou ce qu'il en reste ... Tout le mur où se trouvait la grande porte est détruit. Il ne reste rien. Pas un bout de ciment, indiquant la destruction du mur. Pas un morceau de verre, montrant la présence ancienne de porte et de fenêtre. Seul le sol est complètement noircit. Je m'enfuis de ce paysage me rappelant que je n'ai personne en dehors de Tim. Je cours, je trébuche, me relève et cours encore. J'essaie de m'en allez loin du désastreux bâtiment. Je découvre lors de ma folle course de nombreux immeuble, magasin et autres décors de la ville.

    Épuisé, je trottine. J'arrive devant un grand portail. En cherchant un peu autour, je découvre une fissure dans le grillage, elle est plutôt petite mais je suis bien assez fine pour passer. Je me faufile à l'intérieur et me retrouve les pieds dans l’herbe  mouillés. Je me situe dans un parc, en pleins centre d'une ville immense. Cette ville se trouve elle-même dans un pays, qui se trouve lui-même sur un continent qui ... Je m'écroule. Je suis vide, exténuer et je me sens faible. Minuscule. L'immensité du monde me donne le vertige. « Et dire que je veux tout explorer ... ». Je regarde le ciel, mais il n'est pas comme à mon habitude. Les lampadaires de ma maison étaient tous casés, et nous pouvions voir toutes les étoiles. Ici, l'éclairage de la ville cache ces petites lumières qui scintillent et que j'aime tant. Je ferme les yeux. Si je ne peux les voir, alors je les imaginerais. Avec l'image merveilleuse de milliers d'étoiles brillantes en tête, je m'endors.

     

    ***

    J'ouvre les yeux. Je bats des cils un moment, avant de sentir que je suis trempée. La rosée du matin n'a pas fait de moi une exception, et ma robe blanche colle a ma peau, mais elle n'est pas assez mouillé pour qu'on puisse voir le frêle corps qui est mien et qu'elle cache. Je me lève. Je vois les grands bâtiments gris, blanc casé ou couvert de végétation. Ce monde est désolé, il m'a oublié ici. J'avance dans les rues. Il n'y a rien. Pas un petit objet abandonné. Juste une route fissurée, là où la nature à repris le dessus. La mousse sur les immeubles et ces brins d'herbes s'échappant de la route, sont des tâches de couleur dans cette ville aux couleurs tristes. Mais quelque chose attire mon attention.

    Une boutique. Tout à l'intérieur est dénué de couleur, sauf un bout de ruban rouge qui forme un nœud parfait autour du cou d'un nounours.  L'endroit n'est pas éclairé, il fait vraiment sombre. J'ai peur. Je prends vite le nounours, et m'enfuis avec. J'ai l'impression d'avoir volé quelque chose. J'ai la sensation que quelqu'un me poursuit. Mais pas longtemps. Il finit par partir. Et moi je trottine, serrant la peluche sur ma poitrine. Je me cache dans une petite ruelle, comme si on pouvait me trouver.

    Mais je suis seule ici. J'observe le petit ours. Il est soyeux, doux. Ses yeux pétillent. Et son nœud rouge est vraiment mignon. Il inspire la confiance. Je décide de lui parler.

    - Bonjour Mr. Nounours !

    Pas de réponde. Je réessaie. Et cette fois il me répond. Il a une voix assez grave. Il me demande qui je suis. Le ruban rouge commence à se défaire. À changer de matière. Le nœud de sois devient du sang. Et son pelage devient noir. Ses yeux, qui me regardaient tendrement, sont maintenant infectés d'une horrible cruauté. Je le laisse tombé à terre, pousse un cri. Je sors à reculons de la ruelle, toujours les yeux rivé sur la peluche folle. D'une voix sanglante, il me demande si j'ai peur de lui. Je n'ose pas répondre. Une main se pose sur mon épaule.

    - Tu n'es pas aussi seule que tu le pense ...

     

    Que répondre ? Je m'affole. Quelles sont ces choses qui me parlent ? Je tremble, les larmes coulent sur mes joues. Je m'effondre finalement. Lorsque je me réveille, je suis prise d'une violente douleur au bras gauche. Je jette un regard vers celui-ci, et découvre avec horreur des blessures sur tout le long. En regardant mon bras droit, je me rends compte que je possède les mêmes blessures, mais elles ne sont pas ouvertes. Je me rends aussi compte que je ne suis plus dans la ville. Je suis sur une colline. Je vois les bâtiments grisés sur ma droite, en bas. Et à ma gauche, un immense grillage s'étendant à perte de vue. Je m'assoie contre ce dernier.

    Que faire ? Je regarde pour la énième fois mon corps horriblement fin. Je n'ai que la peau sur les os. Je n'ai jamais faim. Peut-être n'est ce qu'un rêve ? Pourtant, je crois savoir qu'on ne souffre pas dans un rêve. Je tourne légèrement de l'autre côté du grillage. Ce que j'y vois m'effraie presque. Le même univers que le miens, mais regorgeant de vie et de couleur. Je me relève brusquement et tente de passer mes bras à travers : Puis-je atteindre cet espace ? C'est alors que je la remarque. Une fille, juste en face de moi. Elle a une peau très pale, des cheveux gris, une robe blanche comme la mienne, des blessures comme les miennes sur les bras. Elle a un sourire figée. Des yeux vides. Je passe mes mains à travers les barreaux pour l'atteindre, mais j'hésite.

    C'est moi, j'en suis sûr. Mais quelque chose me dis que si je la touche, nous disparaîtrons toute les deux. Je retire mes mains. Je préfère m'éloigner de cette grille. Je recule, et je remarque que la fille fait de même. Comme un miroir. Je me rapproche mais elle ne réagit pas. Je m'assoie en tailleur. Elle fait de même. Je décide d'engager la conversation. Elle reste sans vie. Alors je m'approche à quatre pattes pour la faire réagir. Dès que je lui tapote la joue. Elle s'évapore. Et à cet instant précis, je retrouve tout mes souvenirs.

    Il y a quelques semaines, je me suis retrouvée à l'hôpital car j'étais en train de mourir de faim. Je ne m'en rendais pas compte, mais j'étais devenue malade. J'étais dépressive. Anorexique. Ils avaient essayée de me sauver, mais je suis morte après presque trois semaines de soins intensifs. Je ne m'étais pas rendue compte que la mort m'avait emportée. Il semblerait que Tim était une sorte d'incarnation de ma conscience. L'ours blanc était ma peur. Je suis morte. C'est la seule chose à laquelle je peux penser. Je m'appelais Anabelle, j'avais 15 mais je suis morte de faim. Décédée. Dans le monde de la réalité, je ne suis plus qu'un cadavre enterrée six pieds sous terre. Mes proches me pleurent sûrement.

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